Marie-Françoise Fournier
Maire de Guéret
Élue de terrain fraîchement engagée en politique, elle agit au quotidien pour préserver la qualité de vie de son territoire. Son objectif ultime ? Montrer au monde entier que Guéret et plus largement la Creuse sont des trésors cachés où il fait bon vivre et où il faut vivre !
Qu’est-ce qu’être maire en 2022 ?
En 3 mots : proximité, transparence et vision de l’avenir !
La première caractéristique d’un maire est la proximité immédiate avec les habitants de sa commune. Il connaît sa ville, y habite et l’aime. Mais il doit également être en contact constant avec ses habitants pour leur permettre de s’exprimer sur leur cadre de vie.
La transparence est importante car si les gens se désintéressent de la vie publique, c’est parce qu’on en manque ! Que les choses soient agréables ou non, il faut qu’elles soient dites et assumées même si c’est loin d'être toujours confortable.
Enfin, il est nécessaire d’avoir une vision de l’avenir pour nos villes de province. Elles sont très riches en matière d’histoire et de patrimoine, mais elles se sont souvent vidées de ce qui faisait leur dynamique. Il faut insuffler aux habitants l’envie d’y être et d’y rester mais aussi attirer d’autres individus !
Vous avez été élue maire en 2020, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous présenter ?
J’ai depuis longtemps en moi le goût de travailler sur les dossiers publics. Mon métier m’a toujours mis en contact avec les gens, les usagers, les politiques. Avec plein d’envies et de choses à dire, j’ai attendu d'être à la retraite pour m’engager en politique et pouvoir me consacrer pleinement à mon mandat.
J’avais aussi envie de proposer autre chose en matière de conception politique, avec un groupe multiforme regroupant des sympathies différentes qui se retrouvent sur un même projet et s’alimentent par leurs différences.
Mon envie réside aussi dans le fait que je sois une femme ! La ville de Guéret a toujours été managée par des hommes, il est temps que les femmes puissent faire leur place.
Comment définiriez-vous l’attractivité de votre territoire ?
Il suffit de venir quelques jours en Creuse pour ne pas avoir besoin de le décrire ! C’est un département extrêmement préservé, très diversifié en matière de panoramas. Une beauté exceptionnelle où tout le monde peut se retrouver, par exemple sur le plan sportif.
La qualité de vie est exceptionnelle mais nous avons des faiblesses en matière de variété d'hébergement, notamment de haute qualité. Nous devons travailler sur ce point.
L’intérêt de notre territoire est aussi de proposer un coût de l'immobilier extrêmement accessible. À 3 minutes du centre-ville, il est possible d'habiter dans une maison avec jardin en pleine nature. On a senti avec la Covid, l’envie de vert. Les gens ont découvert qu’on pouvait être à 3h de Paris ou de Bordeaux, et passer quasiment moins de temps dans les transports avec une qualité de vie irréprochable. Seul bémol, une partie de l’habitat est vieillissante mais il existe des dispositifs favorisant sa réhabilitation. La ville doit profiter de cet élan !
A lire également : l'article sur les Présidents de l'Association des Maires et Adjoints de la Creuse
Qu’en est-il de l’environnement de travail ?
Guéret est une ville “de fonctionnaires”. Ce qui apporte un certain niveau de vie mais a aussi conduit à sa désertification lorsque les services de l’État et des collectivités ont dégraissé leurs effectifs. Le mouvement semble toutefois s’inverser : nous allons recevoir des fonctionnaires de Bercy qui vont être décentralisés à Guéret.
Depuis la pandémie, on sent qu’une autre façon d’envisager le travail est possible dans nos territoires ruraux. Guéret est au bord de la Nationale 145 (2X2 voies) et nous travaillons au développement de la structure ferroviaire pour être plus attrayant pour les entreprises. Nous réfléchissons aussi à former et garder les jeunes ici, pour conserver le potentiel sur notre territoire.
Comment maintenir cette promesse d’attractivité ?
L’attractivité ne se travaille pas uniquement à l’échelle communale, au contraire ! C’est un pari qu’on gagnera avec tous les partenaires : État, Département, communes, EPCI, partenaires privés…
L’attractivité se pense ensemble. Il faut d’abord qu’on soit tous d'accord sur les atouts à mettre en avant, qu’on développe des idées et qu’on les partage. Le développement de la marque Esprit Creuse va dans ce sens. Cette bannière essaie de mettre en avant tout ce qui fait que notre département est un lieu où il fait bon vivre.
En dehors de l’aspect vert, nous avons actuellement un vecteur très important : la ville de Guéret est un centre de préparation des Jeux Olympiques. On doit surfer sur cette vague pour faire connaître nos équipements et capter le public afin de lui donner envie d’y rester.
Quel accès aux soins sur votre territoire ?
Nous avons une difficulté sur ce point. Nous sommes toutefois très proactifs au niveau de notre ville, comme le fait notre département qui a mis en place un plan santé auquel nous adhérons. Nous avons des propositions assez innovantes avec l’association des maires auprès du ministère, pour attirer des médecins et permettre aux Creusois de s’engager dans des études de médecine. Il existe une véritable dynamique concrète au niveau local. Pour que cela ne soit pas vain, nous comptons aussi sur le niveau national pour proposer des principes avec un cadre réglementaire.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet Guéret 2040, un projet urbain co-construit pendant 2 ans avec les habitants, les élus et les techniciens du territoire ?
Tout part de l’idée que notre “ville-préfecture” irrigue les territoires aux alentours et est irriguée par eux. Nous avons donc commencé par redonner vie au centre-ville en l’animant, mais aussi sur le plan du commerce et de l'habitat, avec un projet de réhabilitation de logement, d’ouverture de nouveaux commerces et de végétalisation.
Actuellement dédié à la voiture, le cœur de ville de demain sera partagé entre espaces vélos et piétons. Nous avons pour objectif de rendre les grandes places accessibles pour avoir envie de s’y promener. Cette dynamique est engagée pour que les gens vivent dans leur ville et ne fassent pas que la traverser. Autour de cette ligne directrice, s’articulent beaucoup de choses en matière d’équipements, de signalétique.
Nous avons aussi un projet autour de la culture pour apprendre à se rencontrer. Un projet qui en appelle d’autres !
Pour en savoir plus : https://www.ville-gueret.fr/gueret-une-ambition-partagee/
Quel est l’autre grand projet du moment ?
Sur le plan patrimonial, il s’agit de la réhabilitation de notre petit théâtre à l’italienne dont les travaux commenceront en 2023 pour se terminer à l'horizon 2026. C’est un bâtiment emblématique, le seul de la région Nouvelle-Aquitaine à avoir été retenu par le Loto du Patrimoine ! Ce lieu fait partie de ceux qu’on essaie de valoriser pour montrer que la Creuse a la capacité de faire remonter ses ambitions au niveau national, de se battre, de montrer à tous, ministère et administrés, que nous sommes présents !
Quelles sont les attentes formulées par les administrés ?
C’est la santé en premier lieu ! Nous avons un bel hôpital, un beau plateau technique mais qui peine à recruter.
Puis, vient la question de la sécurité. Nous sommes dans un environnement favorable mais nous veillons néanmoins à la préservation de cette sécurité, ainsi qu’à la lutte contre les incivilités ou à la propreté de la ville.
De plus, même si nos administrés sont en demande d’équipement, ils s'aperçoivent que leur niveau de vie baisse tout comme les finances des collectivités, et ont des attentes sur la gestion raisonnée du budget.
A lire également : l'interview de Marie-Pierre Vincent engagée pour le collectif et le bien commun
Quel regard portez-vous sur le volet enfance-jeunesse ?
Le nombre d’enfants par classe reste correct, permettant un confort d’apprentissage à tous les niveaux de la scolarité. De plus, la politique socio-éducative de la ville est prioritaire ! La vie associative est très riche et les jeunes ont accès à différentes activités peu onéreuses voire gratuites.
La difficulté se situe après le bac. Les jeunes partent pour faire leurs études et ne reviennent pas. Nous essayons de trouver des solutions : des formations universitaires sont proposées à Guéret et nous travaillons sur un projet de campus connecté ainsi qu’une école de production formant des apprentis sur les métiers en tension du territoire, comme le bâtiment ou la restauration.
Nous sortons de 2 ans de crise sanitaire, quelle relance espérer pour le département de la Creuse à la lumière de l’épidémie et du contexte actuel (guerre en Ukraine, prix de l’énergie…) ?
Nous sommes un territoire privilégié car la pandémie a permis d’attirer le regard sur notre territoire où l’on peut vivre et travailler. La ville a été proactive en allant, au-delà des dispositifs nationaux et des communautés d’agglomération, permettre aux artisans et commerçants d’amortir le choc et de passer la crise le moins mal possible.
La guerre a des conséquences pour tous les territoires. Je remarque un élan de solidarité et une mobilisation très forte pour accueillir les personnes déplacées de l’Ukraine dans les meilleures conditions. Près de 300 Ukrainiens ont été accueillis en Creuse. C’est un drame qui permet aux individus de s’impliquer, aux sociétés de se ressouder dans une action commune, aux nations de se parler et à chacun de relativiser ses propres difficultés.
Le monde d’après, vous y croyez ? Il aurait quelle tête ?
Cette question est compliquée. La période que nous venons de traverser nous a ouvert les yeux sur la fragilité d’un monde qu’on pensait solide et en paix, dans lequel on se sentait fort et en puissance. Il est pourtant en grand danger sur le plan écologique, instable sur le plan politique, interdépendant sur le plan des échanges internationaux…La guerre est à nos portes, on n’y pensait plus…
Je crois que tout cela a permis d’amener une humilité et un regard différent sur l’autre, une perception nouvelle de la vie qui nous a remis les pieds sur terre avec des réalités du quotidien.
La paix est inestimable et doit être préservée comme un trésor. On banalise la guerre qui se déroule sur d’autres continents. C’est un positionnement dangereux qui nous saute aujourd’hui au visage.
Si l’on vous remettait une baguette magique, quel serait votre souhait ?
Sur le plan professionnel, j’aimerais que nous arrivions à redonner confiance en la politique et que les jeunes recommencent à s’intéresser à la “chose publique”.
Sur le plan personnel, j’aimerais qu’on se serve de tout ce qu’on a traversé pour en tirer des leçons de transparence, d’écoute et d’humilité par rapport à tout ce qui nous entoure. On doit avoir conscience de notre grande chance de vivre en France, l'exploiter à bon escient et en faire un étendard à l’extérieur.
« L’échelon local offre un côté humain et un réseau de proximité qui permet de mener à bien de nombreux projets sur nos territoires. »
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Carte d’identité de la commune de Guéret
Situation
Habitants
Superficie
Caractéristique
Retour sur le parcours de Marie-Françoise Fournier
Parcours professionnel
Une carrière complète au service de l’action sociale
Après avoir obtenu le Diplôme d’Etat d’Assistante Sociale, elle occupe plusieurs postes au sein de services publics ou d’associations dans plusieurs départements.
En 1991, elle intègre le Conseil départemental de la Creuse où elle occupe les postes de cheffe de service de l’Aide Sociale à l’Enfance puis de directrice de la Famille, de l’Enfance et de la Jeunesse pour, en 2015, devenir Directrice Générale Adjointe chargée du pôle Cohésion Sociale.
Parcours politique
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Maire de Guéret depuis 2020
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Membre du Conseil Communautaire de la Communauté d’Agglomération du Grand Guéret
Liens utiles
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