Gérard Guillaume, “chef d’orchestre” engagé pour l’intercommunalité

Comment définir votre mission de président de Communauté de Communes ?

J’ai l’impression d’avoir une approche différente, je me vois comme un chef d’orchestre. J’ai toujours considéré l’intercommunalité comme un outil pour les communes, un appui sur les projets où elles n’ont pas la capacité d’intervenir seules.

Mon rôle est d’être en dehors des différences politiques pour agir dans l’intérêt du territoire. Je fais en sorte que les petites communes soient représentées et que leur parole puisse être entendue malgré un arrêté du conseil constitutionnel qui ne nous a pas forcément aidé.

Billom Communauté réunit de nombreuses communes rurales qui s’étendent du Parc du Livradois- Forez à l’agglomération clermontoise

Née en 2002, Billom Communauté a vécu une première fusion avec la Communauté de communes de la Vallée de Jauron en 2012 et une seconde avec celle de Mur-sur-Allier en 2017. Elle atteint à ce jour 25 communes pour 26 000 habitants. Et l’union ne s’arrête pas là !

En 2012, après une large concertation entre élus locaux, nous sommes arrivés à la conclusion que nous avions tout intérêt à nous rapprocher de l’agglomération. C’est pourquoi nous avons intégré le Grand Clermont. Un mariage réussi ! Nous avons progressé aux côtés des 3 autres EPCI (Établissement Public de Coopération Intercommunale) de cette entité : Mondarverne, Riom Communauté et Clermont Auvergne Métropole. Billom est par exemple un pays culturel mais le rapprochement nous permet d’accéder à d’autres offres dans ce domaine.

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Territoire de culture et de nombreux autres atouts !

Son attractivité est d’abord géographique grâce à des paysages variés. Des portes de l’agglomération, dans la plaine de la Limagne pour la partie périurbaine (Mur-sur-Allier ou Pérignat) aux contreforts du Livradois-Forez (Billom, Isserteaux, Saint-Jean-des-Ollières), il n’existe pas de monotonie.
Cette variation entraîne des cultures différentes : du champ cultivé en Limagne, à la polyculture à Montmorin, en passant à l’élevage lorsqu'on prend un peu de hauteur, à Saint-Jean-des-Ollières ou Saint-Dier.

Nous avons également de nombreux atouts touristiques, comme le prouve le label Pays d’Art et d'Histoire, renouvelé en 2019 et élargi à tout le territoire grâce au travail colossal des services du pays d’Art et d’Histoire.
Nos administrés travaillent principalement à Thiers et Clermont. Nous ne devons en aucun cas être des cités dortoirs et pour cela, nous devons continuer à créer de l’attractivité. Tous les élus partagent cet état d’esprit !

Que faites-vous concrètement pour tenir cette promesse d’attractivité ?

Cela passe notamment par l’accélération de l’installation de la fibre. Ces réseaux de téléphonie sont indispensables pour nos territoires ruraux, d’autant plus avec le déploiement du télétravail lié à la crise sanitaire. Cela nous permet d’avoir des écoles numériques. Beaucoup sont équipées d’ordinateurs et de tablettes numériques, parfois plus qu’en ville !

La qualité de l’enseignement proposé sur notre territoire est également reconnue. Nous avons des échanges réguliers avec l’inspecteur d’académie notamment sur la baisse du plancher à 25 élèves par classe, surtout dans les classes de 2 ou 3 niveaux. Nous mettons aussi en place des actions vers les jeunes enfants à travers un relais enfance-jeunesse qui coordonne les assistantes maternelles indépendantes et deux crèches, une qui appartient à Billom Communauté et l’autre, associative, que nous finançons en partie.

Et en matière d’accès aux soins ?

Vous appuyez là où ça fait mal ! Cet accès est inégalement réparti : plus on monte sur les contreforts du Livradois-Forez, plus c’est problématique. Il existe un hôpital local à Billom. Mais comme tous les hôpitaux de proximité, l’établissement rencontre des difficultés pour recruter médecins et infirmiers. Je ne dirais pas que nous sommes en désert médical mais on risque de le devenir.

La ville de Billom, l'hôpital et l’intercommunalité travaillent actuellement sur un centre de santé. Nous avons également engagé un chantier sur l’accueil des personnes âgées. L’idée est de travailler sur un habitat adapté, une maison en colocation pouvant accueillir 4 personnes entourées par des aides ménagères et des soignants. Si cela avance comme prévu, le projet devrait aboutir dans 3 ans !

Avez-vous d’autres projets d’avenir à partager ?

Nous sommes l’une des premières communautés de communes du Département à avoir mis en place un PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal). Cela nous permet d’avoir une vision de l’aménagement et du développement de notre territoire, avec un regard différent en fonction des spécificités de chaque commune.

Nous souhaitons développer notre territoire avec l’objectif d’augmenter le nombre d’habitants à 30 000 d’ici 2030.
En matière de développement économique, nous travaillons sur 2 zones d’activités : le PAE de l’Angaud et la ZAC Littes vers Dallet.

La mobilité est également un vaste sujet pour nous. Le tout voiture n’est pas forcément la solution, les transports en commun non plus. Il faut étudier d’autres pistes. Nous œuvrons pour la mise en place d’une convention avec la Région qui nous permettra de construire ce projet de mobilité.

Vous vous projetez déjà dans l’avenir... Mais y croyez-vous à ce monde d’après ?

Je crois qu’un certain nombre de choses ont changé mais cela sera-t-il pérenne ?
Aujourd’hui, les circuits courts ont émergé, parce que tout ce qu’on y trouve n’est pas disponible en grande distribution. J’ai l’espoir que nous gardions cette habitude !

Si l’on vous remettait une baguette magique, quels seraient vos souhaits ?

J’aimerais que tout le monde puisse travailler, se nourrir et être en bonne santé. Je suis malheureusement impressionné de constater la croissance de fréquentation de l’épicerie solidaire à Billom, financée par la Communauté de Communes et le Département et accompagnée par des bénévoles. De plus en plus de personnes, notamment des jeunes, s’y rendent faute de moyens pour s’acheter à manger.