Anthony Palermo
Maire de Saint-Éloy-les-Mines
Pour lui, sa mission n’a d'intérêt que si elle est partagée avec d’autres. Fraîchement engagé dans la redynamisation de son territoire, il a avant tout la volonté d’ouvrir et d’avancer main dans la main avec la population.
Qu’est-ce qu’être maire en 2021 ?
La fonction d’élu de proximité est de plus en plus challengée. Il faut redoubler d’efforts pour faire ses preuves et obtenir l’approbation de ses administrés.
Nous sommes encore en début de mandat. Nous devons avancer sur la feuille de route fixée avec toutes les complexités liées à la crise sanitaire. Le temps s’est suspendu et aujourd’hui les échéances arrivent à grands pas.
C’est aussi enthousiasmant car cette fonction touche à tous les pans de la vie des citoyens. La proximité est encore plus vraie aujourd'hui.
C’est votre 1er mandat, pourquoi avoir voulu vous lancer dans cette aventure ?
C’est quelque chose qui mûrit depuis un moment. Je suis parti quelque temps à l’étranger avec au fond de moi l’envie de donner du sens, pour les autres et moi-même. Mais mener une action à 9 000 km de chez soi n’a pas d'intérêt pour moi. Mon souhait était de m’engager pour les gens d’où je suis originaire. Si j’ai franchi le cap dans cette période compliquée, c’est aussi parce que Saint-Éloy a besoin d'entamer sa transition.
Une transition que vous avez initiée avec l’adhésion à la SMAD (Syndicat Mixte pour l’Aménagement et le Développement)
La commune a passé des années recroquevillée sur elle-même. Aujourd’hui, tout le monde est conscient qu’elle n’aura son salut qu’en travaillant en complémentarité avec d’autres communes. Et même si Saint-Eloy est la plus importante en termes de taille et de bassin économique, nous ne pourrons pas entrer dans le monde de demain si on ne sert pas les coudes ensemble.
Comment définiriez-vous l’attractivité de Saint-Eloy-les-Mines ?
Elle est forte mais méconnue !
Je compare souvent les Combrailles et Saint-Eloy au Cantal ! C’est tout aussi joli mais nous avons du mal à créer le sentiment de fierté collective des cantaliens. Nous avons tout pour être attractifs avec des infrastructures et des lieux d’accueil dignes des villes de 10 000 habitants, un environnement privilégié rempli de sites naturels extraordinaires (lacs, rivières…) et une population qui aime son territoire. Mais nous n’arrivons pas à valoriser nos atouts. L’enjeu interne est de comprendre que les Combrailles sont belles pour ensuite les promouvoir auprès des autres.
Notre participation au programme “Petites villes de demain” a pour but de faire reconnaître cette attractivité. Dans la suite logique du programme centre bourg auquel Saint-Eloy a participé de 2014 à 2020, nous avons décidé de candidater collectivement avec le président de la communauté de communes et les maires de Saint-Gervais et Pionsat. Lauréat, nous avons 6 ans pour monter un projet pré-opérationnel puis opérationnel de revitalisation du territoire avec un volet important de renouvellement urbain et d’attractivité résidentielle. Nous y travaillons au quotidien car on a encore des choses à faire mais avec le tissu favorable déjà en place (la fibre, la maison des entrepreneurs…), nous avons la possibilité de tirer notre épingle du jeu !
Qu’en est-il de l’accès aux soins ?
3 médecins pour 10 000 habitants... C’est symptomatique d’un désert médical. Des discussions sont en cours pour tenter d’apporter des réponses. La problématique de la santé est une compétence d’Etat qui incombe aujourd’hui aux communes. Année après année, les collectivités ont été amenées à gérer des compétences qui n'étaient pas de leur ressort. Nous nous organisons mais il faut que l’Etat prenne ses responsabilités notamment pour proposer un accès égal au soin à tous.
Quels projets menez-vous actuellement pour votre commune ?
L’objectif de ce mandat est de répondre aux grands changements contemporains : l’inclusion numérique, la transition écologique et l’éco-tourisme.
Le projet d'ensemble est de devenir le 1er “smart village” (village intelligent) d’Auvergne. Nous avons mis en place un conseiller au numérique pour accompagner les habitants et entreprises. Nous proposons des formations aux plus jeunes pour susciter des envies de métier. Nous avons également pour ambition de faciliter la gestion des ressources, grâce notamment à une application mobile qui, à horizon 2021-2022, permettra aux citoyens de signaler les problématiques de voirie.
Concernant la transition énergétique, nous travaillons à un grand plan de réhabilitation de nos bâtiments qui part de l’idée que l'écologie ne doit être ni punitive, ni une privation individuelle mais bien une rationalisation de la ressource avec un redéploiement des économies sur les services à la population. Plusieurs scénarios sont envisagés : production énergétique pour fournir tous les bâtiments communaux, réhabilitation par l’isolation pour laquelle nous sommes bien placés avec l’expertise Rockwool.
Enfin, notre territoire a de nombreux atouts touristiques mais il faut diversifier les offres de tourisme en développant l’éco-tourisme. Nous avons par exemple un joyau avec notre magnifique plan d’eau. Il a 30 ans, a besoin d'être rénové d’un point de vue paysager et repensé en termes d’animations et d’activités. Les projets de construction de lodges ou d’écohabitats ont pour objectif d’en faire un point de fixation du tourisme local, voire national !
Quel regard portez-vous sur le volet jeunesse ?
Depuis 1 an, nous réfléchissons activement à la façon de laisser un espace de liberté nécessaire aux jeunes pour vivre et faire en sorte qu’ils tombent amoureux de leur territoire pour leur donner envie d’y rester et d’y fonder leur famille !
L’objectif est également d’attirer des jeunes actifs avec enfants en créant un contexte favorable à l’installation. Même si le télétravail a permis de faire évoluer ce point, ces derniers demandent à ne pas être trop loin de leur travail, avoir des temps d'activité, des animations after work, de la tranquillité avec une maison et un jardin, des services publics : écoles, crèches, médecins…
Ce projet d’attractivité peut paraître simple à construire mais en réalité, il s’agit d’un programme d’ensemble avec un enjeu démographique lié à une pyramide des âges qui se stabilise.
Vous parlez d’évolution au niveau du télétravail. Selon vous, quels sont les enseignements de la crise Covid pour la collectivité ?
Cette période a montré le besoin de communication avec la population. Il existe quelquefois ce sentiment de déconnexion entre les élus et les habitants. Tout le monde a besoin d’information et de “parler vrai”, surtout pour accepter les règles (comme le port du masque ou le vaccin). La politique se fait aujourd’hui obligatoirement avec nos concitoyens.
Durant cette crise, la commune a montré tout son intérêt ! C’est l’échelon de référence sur lequel a reposé toute l’organisation des mesures Et, malgré une fatigue ou un ras le bol, on a vu, sur notre territoire, une population qui respectait les règles, ce qui nous a permis d'être épargnés par la crise.
Quelle relance espérez-vous pour le département ?
Elle repose d'abord sur son attractivité. C’est un département entre ville et campagne où tout est présent : couverture ferroviaire, médicale, autoroutière. Nous avons aussi un tissu économique associatif assez fort. Le Puy-de-Dôme correspond au territoire recherché par les personnes en exode urbain.
Même si on a subi très peu de fermeture durant la période (une seule à Montaigut-en-Combrailles), on espère que la relance pourra aussi être économique. On a cette capacité à faire bloc avec les territoires !
Le monde d’après, vous y croyez ? Il aurait quelle tête ?
Je ne suis pas partisan de l’expression “monde d’avant/après”. Chaque moment historique a un impact sur la société et les territoires. Mais encore faut-il que les acteurs en aient conscience et en tirent des leçons !
Si on doit l’appeler ainsi, j’espère que demain sera plus humain, plus proche. Il y a un besoin de connexion et nos communes peuvent être un acteur important de ce monde demain.
Si l’on vous remettait une baguette magique, quels seraient vos souhaits ?
À titre personnel, j’éradiquerais la Covid pour prendre mes grands-parents dans les bras.
À titre d’élu, j’aimerais qu’on puisse pleinement reprendre la vie sur le territoire. Nous avons été confinés immédiatement après l'élection. Nous n’avons pas pu rencontrer la population de la façon souhaitée et porter les projets comme imaginé. Nous avons tous envie de revivre normalement !
« Nous avons tous besoin les uns des autres. Il faut jouer la complémentarité et progresser collectivement ! »
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Maire de Saint-Éloy-les-Mines
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1er Vice-Président de la Communauté de Communes Pays de Saint-Eloy, en charge du développement économique, de la transition numérique et transition écologique
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